mardi 30 septembre 2014

Et puis un jour j'ai sauté la barrière

Le 16 août 2011, pour peu que ça ait une importance.
Par hasard, ou par Hasard, c'est selon, je me suis retrouvé en Asie, à discuter avec un japonais, un ancien coiffeur de 70 ans. Pour l'anecdote, ça ne se passait pas au Japon et ce monsieur parlait très bien français. Pour résumer, on s'emmerdait avant le début d'un défilé, alors on discutait de tout et surtout de rien, de manière fort plaisante je crois.
Et là le gars me dit : "je vais vous montrer quelque chose". Il pose ses mains dos sur la table et me dit "je demande de l'énergie"( sous-entendu au ciel, à "là-haut").
"Regardez, mes mains changent de couleur...". Il faisait sombre, moi pour être poli j’acquiesce en réprimant un bâillement et la négligemment il me passe la main au-dessus de l'avant-bras, éloigné environ de 10cm, fait 2/3 allers/retours et d'un coup, alors qu'il continue son va et vient en souriant à la japonaise(expression qui n'engage que moi), je me prend une déferlante d’énergie, comparable à mettre les doigts dans la prise, mais sans la très désagréable contraction musculaire. Ça n'est pas désagréable, c'est juste saisissant et inattendu. Je suis à la fois soulagé que ça s'arrête et je prends tranquillement conscience que je viens de croiser mon premier événement "paranormal", un genre de rencontre du 3ème type, mais avec seulement 2 types. D'un coup (ou presque car je suis lent) tout devient possible.
Cette energie c'est le qi. Le ki. Dans mon entourage(familial, professionnel, mes amis) personne ne croit à ces contes pour enfants. Au mieux c'est une vue de l'esprit, un picotement dû à l'activité musculaire... Mauvaise circulation sanguine ?
J'me marre. Moi qui étant enfant cherchait quelque chose dans le silence de la nuit, autre chose que la matérialité, sans savoir quoi du tout, finalement c'est elle qui m'a trouvé et pris par surprise. Ce mec m'a fait me chier dessus et sauter la barrière de l'enclos étriqué et rassurant des cartésiens, dont je franchissais déjà la porte de temps à autre, en 3 inspirations.
Adieu sourires narquois et dénégations suffisantes, bonjour humilité et ouverture d'esprit. Comme disait Brel, la liberté c'est le droit de se tromper, le droit à l'erreur. Les cartésiens ont tellement peur de se planter en croyant à quelque chose qu'il préfère tout nier en bloc : "on n'me la fait pas à moi !". Je ne leur jette pas la pierre Pierre, ce sont avant tout eux leurs premières victimes.

Enfin on s'en fout, ce qui compte là-dedans c'est que je me suis pris l'EDF dans le bras pendant plusieurs secondes. Après ça, je sentais de l'électricité dans mes bras et mes jambes quand je me couchais. Ça a duré quelques mois, 3 ou 4, peut-être 5. Et puis ça s'est estompé. Effets secondaires à  moyen terme...

Ma facette cartésienne en a pris pour son grade ce jour-là.

jeudi 18 septembre 2014

Incarné


Incarné... comme un ongle.

Un gars renaît.

Et après ? Que faire. Apparemment y a des gens qui sont bien incarnés. Ils vivent leur vie quoi. Ou alors je les croise à de moments où ils vivent, mais ils sont comme moi ? Sans doute, sûrement à des moments je donne l'impression de vivre aussi. De vivre mon incarnation, comme si j'avais un but dans la vie.
Mais non... un propos propice que je m’approprie : je suis sur la ligne de départ de la course, mais comme je sais que c'est aussi la ligne d'arrivée, je cours pas. A mettre en regard de "c'est pas la destination qui compte, c'est le voyage". Je voulais utiliser "chemin" mais avec "destination" ça faisait un trop long chemin.
Jusqu'ici ça n'a aucun sens. Donc je continue.

C'est le chemin qui compte. Mis à part que j'ai dû lire ça quelque part(ou vu dans un dessin animé quand j'avais 8 ans), je l'ai réellement compris par une constatation de l'absence du contraire, à savoir que pour m'être dépêché, contre vents et marées, des centaines, des milliers de fois à parcourir un chemin le plus vite possible pour enfin arriver au but, j'ai fini, avec beaucoup(trop) de temps par me rendre compte que le but était très souvent futile, annonçait l'ennui et portait la mort en lui. Aller du début à la fin, c'est aller de la naissance à la mort. Si le chemin ne compte pas, alors la naissance et la mort c'est la même chose. C'est comme une musique de zéro seconde, on n'a pas envie de l'écouter. C'est un exemple de merde mais je le garde.

Donc je n'ai pas compris la prépondérance du chemin sur le but en parcourant le chemin comme il le mérite, mais en lui marchant dessus sans ménagement.

Du coup, pourquoi est-ce que je dis que je reste sur la ligne de départ au lieu de faire la course ? Et c'est quoi cette histoire de course ? Le départ c'est la naissance, l'arrivée c'est la mort. Et si on se réincarne sans fin, ou un très grand nombre de fois, alors la mort entraîne la naissance et ainsi de suite. C'est en cela que l'arrivée et le départ, c'est pareil. La course c'est une vie, une incarnation.

Le problème que j'ai concerne donc le parcours du chemin. Si on prend une promenade au bord de la mer, on comprends bien que c'est le chemin qui compte : on regarde la mer, le sable, les dunes, on respire l'air marin, on se fait chier dessus par les mouettes et quand on est de retour à la bagnole c'est fini. Au passage, on voit que le retour à la voiture n'est clairement pas un but puisque c'est de là qu'on part.

Mais si je tente un parallèle avec la vie ben... ça va pas très loin. Le départ c'est la naissance. L'arrivée c'est la mort. Entre 2... je sais pas moi. Faut faire quoi ? Ce qu'on a envie ? Manger du chocolat jusqu'à mourir ? Dormir et chier ? Manger chier Manger chier Manger chier Manger chier... j'ai pas tellement d'autre idées. Dans chaque chose que j'entreprends, je vois la mort. La mort de ce que j'entreprends, et la mienne. La mienne, ça peut-être un blocage à entreprendre quoi que ça soit tiens. J'y avais pas pensé. Mais ça ne m'aide pas à entreprendre.

Or donc, il y a des gens qui semblent savoir quoi faire de leur vie. J'ai tendance à penser qu'ils sont "bien incarnés". C'est à dire qu'ils sont venus sur terre pour "travailler" sur un point précis de leur "âme", et qu'ils vivent leur vie dans ce sens. J'ai dit âme, mettez ce que vous voulez là-dessus. Je parle du bazar qui se réincarne en boucle.

L'avantage que je me trouve c'est que je ne vais pas me "réveiller" à 70 ans : "pourquoi j'ai fait tout ça ?". J'imagine le mec qui a été persuadé toute sa vie qu'il construisait un truc, et qui doute sur la fin. Ça doit être tendu. Ça devrait pas m'arriver... Pour Jésus c'était facile il est mort à 33 ans. Pour l'abbé Pierre c'est une autre paire de manches. Convaincu jusqu'au bout.

Parfois j'envisage tout ça avec joie et sérénité, parfois elles sont emportées dans le tourbillon infini des incarnations, de la condition humaine, de la suite. Déjà j'estime que mon incarnation, quand je vois ce qui se passe ailleurs, et loin d'être pourrie. J'ai jamais crevé de faim(si entre le goûté de 16h et le dîner de 19h30 parfois...), j'ai jamais dormi dehors dans le froid, j'ai une famille normale(si tant est que ça existe), disons pas trop anormale, etc.

Et déjà j'arrive à avoir des passages dépressifs. Alors peut-être qu'à Gaza, en Afrique, ou autres endroits du genre, les gens n'ont pas le temps de déprimer, ils cherchent juste à vivre 1h de plus, toutes les heures. Ça évite de se poser des questions déprimantes. Maintenant je ne suis pas sur de vouloir ça pour ma prochaine incarnation. A choisir je prendrais peut-être "arbre". Mais alors au milieu d'une forêt monstrueuse. Pas en Amazonie parce que c'est l'hécatombe. Genre dans les Rocheuses, là où personne ne met les pieds. Voilà, un végétal. Dans la Cordillère des Andes. Un truc qui réfléchi pas. Trop de mental dans cette incarnation, mental de merde. Je veux une vie sans mental, que du ressenti.

Pas de réincarnation ? Je pense que les réincarnations s'arrêtent quand on est au bout du chemin des chemins. Quand on a parcouru tout ce qu'on avait à parcourir. Et là vu comment je suis à la rue, ça ressemble pas à un générique de fin.

Amen.