jeudi 18 septembre 2014

Incarné


Incarné... comme un ongle.

Un gars renaît.

Et après ? Que faire. Apparemment y a des gens qui sont bien incarnés. Ils vivent leur vie quoi. Ou alors je les croise à de moments où ils vivent, mais ils sont comme moi ? Sans doute, sûrement à des moments je donne l'impression de vivre aussi. De vivre mon incarnation, comme si j'avais un but dans la vie.
Mais non... un propos propice que je m’approprie : je suis sur la ligne de départ de la course, mais comme je sais que c'est aussi la ligne d'arrivée, je cours pas. A mettre en regard de "c'est pas la destination qui compte, c'est le voyage". Je voulais utiliser "chemin" mais avec "destination" ça faisait un trop long chemin.
Jusqu'ici ça n'a aucun sens. Donc je continue.

C'est le chemin qui compte. Mis à part que j'ai dû lire ça quelque part(ou vu dans un dessin animé quand j'avais 8 ans), je l'ai réellement compris par une constatation de l'absence du contraire, à savoir que pour m'être dépêché, contre vents et marées, des centaines, des milliers de fois à parcourir un chemin le plus vite possible pour enfin arriver au but, j'ai fini, avec beaucoup(trop) de temps par me rendre compte que le but était très souvent futile, annonçait l'ennui et portait la mort en lui. Aller du début à la fin, c'est aller de la naissance à la mort. Si le chemin ne compte pas, alors la naissance et la mort c'est la même chose. C'est comme une musique de zéro seconde, on n'a pas envie de l'écouter. C'est un exemple de merde mais je le garde.

Donc je n'ai pas compris la prépondérance du chemin sur le but en parcourant le chemin comme il le mérite, mais en lui marchant dessus sans ménagement.

Du coup, pourquoi est-ce que je dis que je reste sur la ligne de départ au lieu de faire la course ? Et c'est quoi cette histoire de course ? Le départ c'est la naissance, l'arrivée c'est la mort. Et si on se réincarne sans fin, ou un très grand nombre de fois, alors la mort entraîne la naissance et ainsi de suite. C'est en cela que l'arrivée et le départ, c'est pareil. La course c'est une vie, une incarnation.

Le problème que j'ai concerne donc le parcours du chemin. Si on prend une promenade au bord de la mer, on comprends bien que c'est le chemin qui compte : on regarde la mer, le sable, les dunes, on respire l'air marin, on se fait chier dessus par les mouettes et quand on est de retour à la bagnole c'est fini. Au passage, on voit que le retour à la voiture n'est clairement pas un but puisque c'est de là qu'on part.

Mais si je tente un parallèle avec la vie ben... ça va pas très loin. Le départ c'est la naissance. L'arrivée c'est la mort. Entre 2... je sais pas moi. Faut faire quoi ? Ce qu'on a envie ? Manger du chocolat jusqu'à mourir ? Dormir et chier ? Manger chier Manger chier Manger chier Manger chier... j'ai pas tellement d'autre idées. Dans chaque chose que j'entreprends, je vois la mort. La mort de ce que j'entreprends, et la mienne. La mienne, ça peut-être un blocage à entreprendre quoi que ça soit tiens. J'y avais pas pensé. Mais ça ne m'aide pas à entreprendre.

Or donc, il y a des gens qui semblent savoir quoi faire de leur vie. J'ai tendance à penser qu'ils sont "bien incarnés". C'est à dire qu'ils sont venus sur terre pour "travailler" sur un point précis de leur "âme", et qu'ils vivent leur vie dans ce sens. J'ai dit âme, mettez ce que vous voulez là-dessus. Je parle du bazar qui se réincarne en boucle.

L'avantage que je me trouve c'est que je ne vais pas me "réveiller" à 70 ans : "pourquoi j'ai fait tout ça ?". J'imagine le mec qui a été persuadé toute sa vie qu'il construisait un truc, et qui doute sur la fin. Ça doit être tendu. Ça devrait pas m'arriver... Pour Jésus c'était facile il est mort à 33 ans. Pour l'abbé Pierre c'est une autre paire de manches. Convaincu jusqu'au bout.

Parfois j'envisage tout ça avec joie et sérénité, parfois elles sont emportées dans le tourbillon infini des incarnations, de la condition humaine, de la suite. Déjà j'estime que mon incarnation, quand je vois ce qui se passe ailleurs, et loin d'être pourrie. J'ai jamais crevé de faim(si entre le goûté de 16h et le dîner de 19h30 parfois...), j'ai jamais dormi dehors dans le froid, j'ai une famille normale(si tant est que ça existe), disons pas trop anormale, etc.

Et déjà j'arrive à avoir des passages dépressifs. Alors peut-être qu'à Gaza, en Afrique, ou autres endroits du genre, les gens n'ont pas le temps de déprimer, ils cherchent juste à vivre 1h de plus, toutes les heures. Ça évite de se poser des questions déprimantes. Maintenant je ne suis pas sur de vouloir ça pour ma prochaine incarnation. A choisir je prendrais peut-être "arbre". Mais alors au milieu d'une forêt monstrueuse. Pas en Amazonie parce que c'est l'hécatombe. Genre dans les Rocheuses, là où personne ne met les pieds. Voilà, un végétal. Dans la Cordillère des Andes. Un truc qui réfléchi pas. Trop de mental dans cette incarnation, mental de merde. Je veux une vie sans mental, que du ressenti.

Pas de réincarnation ? Je pense que les réincarnations s'arrêtent quand on est au bout du chemin des chemins. Quand on a parcouru tout ce qu'on avait à parcourir. Et là vu comment je suis à la rue, ça ressemble pas à un générique de fin.

Amen.

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